Dans un contexte de crise écologique et de changement climatique, les forêts françaises doivent faire face à de nombreux défis. La gestion forestière traditionnelle montre ses limites, notamment dans les petites forêts privées, souvent fragmentées et plus difficiles à gérer. Pour répondre à ces enjeux, Néosylva s’associe à l’Unité Mixte de Recherche Silva au sein du laboratoire commun Labcom Néosilva, un programme soutenu par l’Agence Nationale de la Recherche (ANR), qui vise à établir des partenariats durables entre entreprises et laboratoires de recherche pour transformer la gestion des forêts en développant des pratiques plus durables et adaptées aux conditions locales.
Un Contexte de Crise et de Transition
Le secteur forestier traverse une période critique marquée par la multiplication des aléas climatiques tels que les sécheresses, les incendies et les maladies. Ces menaces accentuent la mortalité des arbres et réduisent la capacité des forêts à capter le carbone. Les forêts privées, qui couvrent 75 % du territoire forestier français, sont particulièrement vulnérables en raison de leur fragmentation et du manque de gestion structurée qui touche la petite propriété largement majoritaire en France. La vitesse du changement oblige les forestiers à repenser leur manière de travailler en s‘appuyant sur les dernières avancées en écologie, sylviculture et sciences de la gestion.
Le Modèle Labcom : Une Réponse Inédite aux Défis Actuels
Le Labcom Néosilva est le fruit d’une collaboration entre Néosylva, une entreprise d’investissement forestier innovante, et l’UMR Silva, une unité de recherche spécialisée dans l’écologie forestière. Le projet repose sur un modèle de gestion unique qui dissocie le capital foncier (qui reste au propriétaire) du capital biologique (la forêt elle-même), permettant à Néosylva d’acquérir un droit de gestion sur les peuplements forestiers pour une durée de 40 à 99 ans.
Le Labcom a pour objectif de développer un système d’aide à la décision multicritères afin de soutenir les propriétaires et gestionnaires de forêts privées. Ce système couvrira trois volets : le diagnostic des peuplements et en particulier des peuplements pauvres ou vulnérables au changement climatique, la définition d’itinéraires sylvicoles adaptés et le suivi à long terme des impacts environnementaux et économiques. L’approche repose sur la méthodologie « Living Lab », qui implique une collaboration active entre les chercheurs, les propriétaires, les gestionnaires de forêts ainsi que la société civile pour mutualiser les retours d’expériences et les pratiques, et travailler en intelligence collective.
Les chercheurs impliqués, dont Meriem Fournier (Directrice de l’Unité Mixte de Recherches Silva), Maxence Arnould (Enseignant-chercheur à AgroParisTech) et Noé Dumas (auteur de la thèse « La végétation concurrente de la régénération forestière : évaluation des surfaces colonisées, modélisation de l’abondance et de l’impact sur la régénération ligneuse à l’échelle de la France »), apportent leur expertise et leur engagement pour faire de ce projet un véritable levier d’innovation sylvicole. Leur connaissance approfondie des enjeux forestiers et de la gestion de projets complexes est un atout majeur pour la réussite de cette initiative.
Trois Axes de Recherche pour une Gestion Adaptative
Le programme Labcom se décline en trois axes principaux :
1. Caractérisation des peuplements en impasse de gestion
L’objectif est de diagnostiquer les forêts en impasse de gestion, souvent dégradées et peu productives, afin de proposer des solutions adaptées. Ce diagnostic s’appuie sur des critères écologiques comme la qualité du sol, l’état sanitaire des arbres et la biodiversité. Le but est de créer une typologie des peuplements pour orienter les choix sylvicoles en fonction de leur situation spécifique?.
2. Conception et choix des itinéraires sylvicoles
Ce deuxième axe vise à développer des itinéraires sylvicoles adaptés aux petites forêts, en intégrant des approches innovantes telles que la gestion adaptative et les techniques de sylviculture à couvert continu. Les chercheurs utiliseront des outils de modélisation pour tester divers scénarii de gestion et comparer leurs impacts sur la résilience des forêts, la production de bois, et les services écosystémiques.
3. Évaluation et suivi des innovations sylvicoles
Enfin, le Labcom mettra en place des outils pour évaluer en continu les impacts des pratiques de gestion sur la santé des forêts, le stockage du carbone et la biodiversité. Ce suivi permettra d’ajuster les pratiques au fil du temps, en fonction des résultats observés et des conditions environnementales changeantes?.
Une diversité de terrains d’expérimentation
Le Labcom Néosilva s’implante sur deux territoires, le Grand-Est et le Grand-Ouest en France métropolitaine, pour étudier une diversité de stations forestières et d’enjeux écologiques. Cette approche permettra de rendre les solutions proposées applicables à différents contextes, en tenant compte des spécificités locales et des différences culturelles en matière de gestion forestière.
Vers une gestion forestière durable et innovante
Le Labcom Néosilva s’engage à promouvoir des pratiques sylvicoles plus résilientes, en phase avec les objectifs nationaux de lutte contre le changement climatique et de protection de la biodiversité. Grâce à une approche scientifique et collaborative, le projet vise à redynamiser la gestion forestière et à valoriser les services écosystémiques, tels que la séquestration du carbone, qui pourraient à terme devenir une source de revenus pour les propriétaires.
Ce programme pourrait ainsi constituer une référence pour d’autres initiatives de gestion forestière en Europe, en contribuant à une transition durable et à une meilleure adaptation des forêts privées aux défis du XXIe siècle.